Qui a besoin de théologie ?

J’inaugure une nouvelle catégorie d’articles, celle de mes lectures, dans laquelle je vais essayer de décrire les bouquins que je lis ici. Probablement pas tous ceux que j’utilise pour les études, mais plutôt ceux que je lis en dehors des cours. J’espère qu’il va y en avoir d’autres tout au long de ces deux ans 🙂

Le William Booth College a évidemment une bibliothèque et donc évidemment une bibliothécaire, celle-ci s’appelle Winette. Chaque fois que quelqu’un du staff nous parle un peu des études, il ou elle nous dit que Winette est formidable, super compétente, qu’elle connait tout etc.

Du coup, la première semaine, quand on a visité la bibliothèque, je lui ai demandé s’il y avait des livres qu’elle me conseillerait en attendant que les cours commencent.
Elle m’a conseillé de lire « Who needs theology – An invitation to the Study of God » de Stanley J. Grenz & Roger E. Olson, édité par IVP Academic. 140 pages.
Je l’ai fini aujourd’hui [ J’ai commencé ce billet le 19 septembre…. lalala ] et je suis plutôt content de l’avoir lu. (Evidemment puisque c’était une recommandation de Winette).

La liste des chapitres représente probablement un bon aperçu du contenu du livre. Traduction libre et non garantie 🙂

  1. Tout le monde est théologien. (Everyone Is a Theologian)
  2. Toutes les théologies ne sont pas équivalentes (Not All Theologies Are Equal)
  3. Définition de la théologie (Defining Theology).
  4. Pour défendre la théologie (Defending Theology)
  5. Tâches et traditions de la théologie (Theology’s Tasks & Traditions)
  6. Les outils du théologien (The Theologian’s Tools)
  7. Construction de la théologie dans un contexte (Constructing Theology in Context)
  8. De la théologie à la vie (Bringing Theology into Life)
  9. Une invitation à s’embarquer dans la théologie (An Invitation to Engage in Theology)

Tout le bouquin est intéressant, mais je vois plusieurs choses particulières à retenir.

Tout le monde est théologien

Le livre commence par une citation d’un professeur et prédicateur à la radio disant « Heureux le chrétien qui n’a jamais rencontré de théologien » (« Happy is the Christian who has never met a theologian »). Le livre dans son ensemble et le premier chapitre particulièrement vise à déconstruire ce type d’opposition que l’on rencontre parfois entre les théologiens et le reste des croyants, voire entre la théologie et la foi.  Pour les auteurs, dès que l’on réfléchit un peu sur ce qui relève de Dieu (donc a fortiori du point de vue d’un chrétien, tout ce qui relève des grandes questions de la vie), on fait de la théologie. Je trouve ça intéressant.

Une tentative de définition ou en tout cas de reformulation du mot serait « la foi cherchant à comprendre » (« Faith seeking understanding »). J’aime bien cette expression. Un théologien serait un croyant cherchant à comprendre.

Différents niveaux de théologie

Le deuxième chapitre décrit une espèce de catégorisation des théologiens, qui n’est pas facile à traduire et surtout, pas facile à résumer.

Des extrêmes à éviter

En gros, il y aurait d’une part deux extrêmes non souhaitables :

  • D’un côté, où on ne remet pas du tout en question les croyances et où on rejette toute approche critique.
  • De l’autre côté, la théologie ultra-académique qui coupe les cheveux en quatre ou qui écrit énormément sur des détails mineurs. Les auteurs définissent le pire de la théologie académique comme « je ne croirai que ce que je peux comprendre » (I will believe only what I can understand », l’opposé donc du « la foi cherchant à comprendre ».

Des types de théologies ayant besoin l’une de l’autre

Et entre les extrêmes, il y aurait 3 autres catégories.

  • La théologie du terrain. Le mot en anglais c’est « lay », ce qui pourrait être traduit par laïque, non dans le sens de laïcité, mais dans le sens du paroissien ou la paroissienne. C’est la personne qui n’a pas des responsabilités d’enseignement ou de prédication, mais qui se pose des questions et qui creuse.
  • La théologie du ministre du culte (ministerial theology). Ici, il s’agit des personnes ayant les responsabilités en question. Donc la personne à plein temps, mais pas forcément. Il peut s’agir d’un « laïc » qui fait une prédication de temps en temps.
  • La théologie professionnelle. Ceux qui enseignent, qui étudient en profondeur, qui construisent des outils pour la prédication ou l’étude.

L’Eglise (au sens large) a besoin de ces trois catégories ! Les professionnels établissent des outils pour les ministres du culte qui vont ensuite enseigner et apporter aux laïcs. De même, les professionnels ont besoin de connaître ce que vivent les laïcs sur le terrain pour ne pas être à côté de la plaque dans leur travail.

Deux tâches principales de la théologie

Le chapitre 5 propose deux grandes catégories sur le travail de la théologie : la critique et la construction. En très très bref :

La critique consiste à étudier les croyances déjà existantes, anciennes ou nouvelles, et à voir si elles tiennent la route.

La construction vise à articuler de manière cohérente les différentes choses sur Dieu, nous et le monde, que l’on peut retirer de la Bible. Ce n’est pas vraiment créer de nouvelles croyances, mais plutôt organiser et mettre en cohérence ce qui existe séparément. L’exemple utilisé à plusieurs reprises dans le livre est la Trinité, qui n’est pas un mot qui existe dans la Bible, mais qui est une construction qui a vu le jour dans les premiers siècles après Jésus-Christ. Du point de vue chrétien, ce n’est pas une pirouette venue de nulle part, mais une manière de résumer et réunir plusieurs éléments distincts.

Et concrètement ?

Le chapitre 8 « De la théologie à la vie » insiste sur le fait que toutes ces réflexions et études doivent s’inscrire concrètement dans notre ministère, dans notre vie, dans notre quotidien. Ce ne sont pas deux choses séparées.
Et cela traite aussi d’un sujet délicat : à quel point notre expérience / vécu pratique doit influencer notre réflexion théologique ? Ne pas du tout en tenir compte peut faire que notre théologie est déconnectée de la réalité. Trop en tenir compte peut biaiser la réflexion puisqu’une expérience est subjective et parfois erronée.

 

Bref, j’ai lu un livre.

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